Quiconque est un traqueur d'idées a connu ça un jour. Vous êtes là, perplexe devant le rayon yahourts de votre supermarché quand soudain vous vous figez pour de bon, le regard affûté, l'esprit tourné vers un lieu imaginaire qui vient de vous apparaître comme une révélation. Bon sang mais c'est bien sûr. Vous aviez beau tourner le problème dans tous les sens, vous enfermer dans votre bureau pour chasser jour et nuit l'Idée, il n'y avait rien à faire. Alors, de dépit, vous vous rendez au supermarché du coin pour faire vos courses, lassé d'avoir à courir après des fantômes. Et là, crac (Carglass n'a rien inventé). Au moment où vous vous y attendez le moins, un truc fulgurant vient vous frapper au coin du bon sens.
Eh bien c'est exactement ce qui vient de m'arriver. Alors que j'ai passé des heures à être grognon, pas contente de mon travail, trouvant que ma petite mécanique était rouillée, grinçante, agaçante, me voici tout engourdie d'avoir eu ma petite révélation devant du jambon à -25% de sel. Ca faisait plusieurs semaines que je commençais à ruminer. D'ailleurs, pas plus tard qu'hier après-midi, nous abordions avec mon amoureux l'épineuse question du "et sinon, ça va ton roman, tu avances?". Habitué à être cueilli par un "oui, enfin non, enfin si, mais tu vois le problème c'est que...", il m'a écouté lui déballer toutes mes interrogations créatives sans sourciller, émettant simplement un "ton thème, je ne sais pas, t'es sûre que ça tient tout un bouquin?". Immédiatement sanctionné d'un regard noir et culpabilisant, il m'a laissée ressasser mes circonvolutions et m'a encouragée d'un "laisse tomber, après tout, c'est toi qui sais".
Parce qu'il n'avait pas tort. Moi-même en lui expliquant mes grandes théories, je sentais bien que quelque chose clochait. Voilà des semaines que je bute sur un angle droit qui me pourrit mes idées et les font retomber comme un soufflé. Jusqu'à rencontrer l'inspiration, l'avant-bras posé sur le manche d'un caddy, prostrée devant l'Autel du Quotidien Salvateur.
Et voilà, j'ai mon os à ronger. Merci qui? Merci Monoprix.
mince alors, moi qui pensait avoir un regard bleu et encourageant...
Rédigé par : Olivier | jeudi 27 janvier 2011 à 09h46