"Robert qui ??" Robert McKee, scénariste US qui sillonne le monde depuis des années avec son séminaire Story sous le bras, prêt à en découdre avec les ennemis des bons films et des bonnes histoires.
C'est la toute première chose que j'ai faite lorsque j'ai décidé d'écrire à temps plein, en 2006. Quatre jours à ne parler que de scénarios, de construction de personnage, de fin ironique et de répliques cultes, voilà de quoi vous gonfler à bloc pour un bon moment quand on balbutie quelques textes et qu'on rêve qu'ils soient lus un jour.
Mais attention, le personnage est caustique. Et américain. Ce qui signifie qu'il débine à la fois les grosses machines hollywoodiennes écervelées, comme les "auteurs" (en français dans le texte) qui ne se gargarisent que lorsqu'ils ont fait 3 entrées en salle. Qu'il le fait comme si c'était un one-man-show, avec blagues et sketches, mais que si vous n'êtes pas d'accord, c'est la porte parce que votre avis il s'en fout.
Moi je suis partie du principe que c'était son avis à lui que j'avais envie d'entendre. Alors peu m'importait. Et puis j'aime bien les gens entiers et cyniques. Robert McKee ne faisait pas exception à la règle : les cyniques sont drôles. Il vous refait certains dialogues de films en prenant l'intonation des comédiens, il se fout ouvertement de "A.I." de Spielberg, vénère Un Poisson Nommé Wanda, et vous prend des exemples pour illustrer des schémas d'histoire tels que :
Leaving Las Vegas : simple story. The man wants to kill himself with alcohol, he says it, and at the end, guess what ? He did it. So it's drink-drink-drink-drink-drink till death (là, il vient de tracer un tiret sur le tableau à chaque drink). But the important thing is what story you tell in between. (Là, il esquisse un sourire narquois). Take a look at In The realme of The Senses (L'Empire des Sens) : same structure, great movie about the vanity of things, dark and intelligent script. (Le sourire je-vais-dire-une-grosse-connerie s'élargit) What's the structure ? It's fuck-fuck-fuck-fuck-fuck till death. En même temps, c'est vrai.
Vous allez croire qu'il est simpliste. En fait pas du tout. Parce que son séminaire dure quatre jours, que vous balayez tous les aspects de création d'une histoire, et qu'il vous dit tout de suite que les grands principes et lui ça fait deux. Ce qu'il donne ce sont des tonnes d'exemples de structures qui fonctionnent très bien, que la meilleure structure pour votre histoire c'est la vôtre, et qu'il ne faut voir tout ça que comme des guidelines. Importants, malgré tout. L'intelligence d'une histoire est dans le choix de sa structure vous dira-t-il. Un scénario, c'est 80% de structure, et 20% d'écriture. Parce que quand le descriptif détaillé scène par scène est bon, vous savez ce que vous allez dire. Hmmm. Pas évident pour tout le monde. Et pas évident en dehors du seul genre scénaristique !
En tout cas, ça fait beaucoup de bien à votre condition d'auteur-en-perdition-dans-ce-monde-cruel, et pour le reste, c'est comme d'habitude : si vous demandez son avis à quelqu'un, vous l'écoutez, et ensuite il n'a que l'importance que vous lui accordez... Et ça, c'est très important quand on écrit. Je ne soupçonnais pas à quel point.
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