Voile noir

La rentrée commençait pour moi sous d'excellents auspices. La voici à présent endeuillée : ma grand-mère nous a quitté hier. Dans la plus grande dignité et douceur, à 98 ans et entourée de ses deux filles. La machine s'est arrêtée, sans souffrances. Si je vous confie cela, c'est que ma grand-mère écrivait. Elle a écrit des romans toute sa vie, de grandes fresques romanesques dans lesquelles, je dois le reconnaître, chaque personnage ressemblait étrangement aux membres de notre famille.
Ma grand-mère était d'un courage et d'une force incroyables. Elle s'est mise à l'informatique à 75 ans. Sur un vieux Mac à disquette sur lequel elle tapait en police 30 pour y voir clair. Dix ans plus tard, à 80 ans, elle publie son premier roman. Puis un second à 90 ans (!).
Je la pleure aujourd'hui, mais son éternelle joie de vivre me rend plus légère. Sa volonté et la belle vie qu'elle a vécu jusqu'au bout sont un exemple et un soleil de chaque jour.
Elle disait toujours que mon grand-père veillait sur nous, là-haut, comme un ange gardien. Je suis certaine qu'elle fera de même pour nous.
La vie est ainsi faite qu'elle doit finir un jour. Le meilleur hommage que je puisse lui rendre, c'est de continuer sur le chemin tumultueux de l'écriture, page après page, projet après projet, car c'est la vie dont elle avait toujours rêvé étant jeune.
Que sa force soit avec moi.