Et comment commencer sa vie d’artiste avec un nom tout à fait imprononçable, pour finir par faire de ce même nom une sorte de reconnaissance entre ceux qui savent. « Excuse-moi chéri coco mais il va falloir prendre un pseudonyme, on bafouille avec ton nom, là. Quoi ? Tu trouves vraiment que Kierkegaard, ça fait showbiz ? ».
En tout cas quand on s’appelle Ali Soumaré ou Brian Joubert, on aimerait bien que son nom ne soit pas trop sous les feux de la rampe pour des faits embarrassants. Et encore moins quand on s’appelle presque banalement Marion Rolland, cette pauvrette qu’on a vu des millions de fois sur Internet rater la descente en ski de sa vie sur fond de générique de Benny Hill. Les Dupond, Dubois et autres Martin, prenez garde, vous pourriez sortir de l’anonymat plus vite qu’un claquement de lames sur une patinoire.
Et puis il y a les noms qui se tirent à hue et à dia. Les Hitler de la politique, les Mussolini du pouvoir, les Botul de la philosophie. Et oui. Il y a aussi les noms qui ne réfèrent à personne. Les coquilles vides que l’on utilise pour balancer un peu sous couvert, pour faire des canulars - somme toute édifiants. Même les philosophes de renom (oui, car avec le nom vient le renom, lorsqu’il est accompagné d’une notoriété, ce qui n’a rien à voir avec le fait de répéter deux fois le nom de quelqu’un) commencent à se faire prendre au piège. N’en déplaise à leur sens de l’humour.
Humour qui, d’ailleurs, manque parfois à l’appel… L’équipe d’Action Discrète veut dénoncer les dérives verbales de Georges Frêche en prenant ses propres travers ? Qu’à cela ne tienne, on les taxe d’outrage aux handicapés. L’association qui s’est offusqué l’a bien dit : « on peut rire de tout, mais pas n’importe comment, n’importe où, ni avec n’importe qui ». Pardon, je n’ai pas du bien saisir le sens de l’expression « rire de tout », alors.
Finalement, on devrait faire plus attention au nom que l’on donne aux choses. Et à ne pas les confondre avec des étiquettes un peu trop facilement collées.
En tout cas, les mots sont plus que jamais le lieu de cristallisation de toutes les émotions. Et un sens du deuxième degré vaut mieux que deux ‘tu l’auras bien cherché’.
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